L’idée est née à Thionville, lors du petit déjeuner d’élus organisé dans le cadre du congrès 2024 : interviewer systématiquement un élu d’une commune adhérente dans chaque infolettre de la fédération. C’est Fabienne LE HÉNO, 1re adjointe au Pouliguen (44), chargée du Cadre de vie, de l’Environnement et de la Citoyenneté, qui ouvre le bal…

Pourquoi et comment avez-vous créé votre Comité consultatif des Sages ?

« La création d’une instance de Sages figurait dans notre programme de mandat. Nous avions la ferme ambition de consulter, en constatant que la seule démocratie représentative était insuffisante et parfois mise à mal. La démocratie participative, ça nous renforce dans notre volonté de transmettre des valeurs importantes, comme la citoyenneté, les vertus de la discussion, du débat… 

Le moteur, c’est l’engagement de tous. Le Pouliguen, c’est une « petite commune » qui avait tendance à ronronner en la matière : le conseil municipal des jeunes, on ne le voyait pas assez. Un conseil des sages avait existé puis été supprimé. On ne voyait donc plus que les élus locaux. Or, nous ambitionnions de faire avec tous les acteurs et de plus, le besoin de renouveau était exprimé par d’anciens sages. Ancienne directrice générale des services, je mesurais tout l’intérêt d’une telle structure, dont j’ai encouragé la renaissance avec la création de ce Comité consultatif des Sages. »

Comment s’est passée cette « renaissance » ?

« Au départ, on a un peu manqué de méthode pour préciser que notre Comité consultatif des Sages est une instance consultative. D’où un peu de confusion pendant les premières années, laissant à penser qu’il pouvait être aussi dans la décision, la mise en œuvre. Mais aujourd’hui, bien que les Sages ne soient que douze, il y a eu concrètement de la transmission, de l’apprentissage dans la citoyenneté. Il faut être visible et à l’écoute, pour que leur action soit un aiguillon de notre équipe municipale et un moteur pour les initiatives sur le territoire !

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur les réflexions et actions conduites par vos Sages ?

« Une particularité du Pouliguen étant d’être une commune vieillissante, on a du mal à aller sur des sujets autres que ceux concernant les seniors. La dimension intergénérationnelle est insuffisamment prise en compte, d’autant qu’elle est préemptée par plein d’associations. En effet, les Sages entrent d’une certaine façon en concurrence avec d’autres espaces et instances tel que le budget participatif, plus à même de porter des projets.

Ils interviennent toutefois sur la transmission du patrimoine culturel, la signalétique, la côte… Et ils sont à l’initiative de projets. Une réflexion sur le long terme est engagée sur les jardins familiaux. Par contre, d’autres sujets, comme l’attribution de noms de rues, n’ont pas été portés. Pour ma part, j’aimerais aussi que l’on parte sur des enjeux forts, de grandes thématiques. Par exemple, la place du vélo dans la ville, ou encore les liens à créer entre Sages et comités de jumelage pour porter la citoyenneté, le patriotisme, au niveau international. »

Avec le recul, comment pensez-vous adapter et conforter l’existant en matière de démocratie participative ?

« On a des efforts à faire sur la méthode plutôt que dans la création d’instances. Il faut aussi travailler sur une bonne compréhension de la démocratie locale. L’écueil, c’est la méconnaissance du fonctionnement d’une collectivité. Aux réunions de quartier, ça participe mais ça reste dans un entre-soi… Peut-être faut-il s’autoriser à élargir parfois l’effectif des Sages, le redimensionner pour lui permettre d’aborder des sujets plus ouverts ? Je pense aussi que l’on met trop les instances consultatives « dans le cambouis » alors que ce dont on a besoin, c’est d’idées, de débats, de sujets ! »

Que vous apporte votre adhésion à la Fédération française Villages et Villes Sages ?

« Incontestablement, du professionnalisme, du sérieux, de la déontologie, tout en garantissant notre neutralité. S’adosser à elle, c’est quelque part s’assurer de la pérennité de notre Comité consultatif des sages, c’est aussi bénéficier d’échanges d’expériences qui s’avèrent tout aussi intéressants qu’inspirants. La démocratie participative, la consultation, ce sont des chantiers passionnants et enrichissants : on gagne à se nourrir les uns des autres ! »

Et Fabienne LE HÉNO n’est pas la dernière à démontrer la force de son engagement : lors de la dernière réunion du conseil d’administration de la Fédération française Villages Villes Sages, elle a été élue membre du bureau, dont elle est désormais la secrétaire attitrée !